Histoire de notre école

Il était une fois… l’histoire de notre école.

Nous sommes tous porteurs d’une histoire qui nous est propre, de convictions qui font ce que nous sommes. Les écoles ont aussi leur propre histoire. Celle de la Sainte famille débute le 3 octobre 1919. Mais, il est bon de le rappeler, la congrégation de la Sainte Famille n’était pas inconnue chez nous. Elle y avait fait un premier séjour.

Depuis le vote de la loi Falloux, en mars 1850, les congrégations religieuses étaient habilitées à donner l’enseignement dans les écoles communales. En de nombreuses villes et de nombreux villages, on fit appel à leur dévouement. Il en fut ainsi à Audruicq : le Maire, Monsieur Lecouffe et le doyen, Monsieur Roussel, furent d’accord pour solliciter la présence, en leur localité, des Sœurs de la Sainte Famille d’Amiens.

Cette Congrégation était déjà connue depuis longtemps dans notre région. La fondatrice, Mère Jeanne-Claude Jacoulet, dès le lendemain de la Révolution, avait inauguré son apostolat auprès des enfants.

Commencée en 1800 dans une pauvre mansarde, son œuvre d’éducatrice s’était rapidement développée : en 1817 la règle de la Communauté avait été approuvée et les fondations s’étaient multipliées dans les paroisses.

Ce furent donc des sœurs, pleines d’expérience, qui arrivèrent chez nous en 1867.

Elles furent trois d’abord, puis quatre ; leur activité et leur dévouement furent vite remarqués, ce qui leur gagna la confiance des parents.

La sympathie des habitants se manifeste en plus d’une circonstance et en particulier lors du décès de sœur Colombe. Le registre des annales paroissiales porte ces quelques lignes :

«le dimanche 12 février 1899, ma sœur Colombe s’endort doucement après quelques instants de souffrance ; elle avait 75 ans. Pendant plus de vingt ans, elle s’est dévouée à l’éducation des enfants d’Audruicq. La paroisse lui a témoigné son affection et sa reconnaissance le jour de ses funérailles. »

Mais le registre paroissial, indique aussi que, quelque semaines plus tard, le vendredi Saint 31 mars, le climat politique ayant changé, les sœurs étaient amenées à cesser leur ministère éducatif. Le congé de la Sainte Famille avait pris la décision de les rappeler à Amiens.

Leur départ fut regretté, leur ministère et leur dévouement ne furent pas oubliés. Les liens tissés entre Amiens et Audruicq ne furent pas brisés.

Après la guerre de 1914-1918, Monsieur le doyen Hernu créa, dans sa paroisse, une école libre.

Il rencontra en la personne de Mademoiselle Plachier, une bienfaitrice insigne, qui mit à sa disposition un immeuble qu’elle possédait sur la place. C’est tout naturellement à la maison mère d’Amiens que s’adressa le Doyen d’Audruicq.

Les sœurs purent accueillir leurs premières élèves le 3 octobre 1919. Trois classes furent alors ouvertes.

En 1921, une quatrième classe s’ajouta aux précédentes, le nombre d’élèves atteignait 80. Cependant cette même année 1921, le 6 février, après Vêpres, fut béni un oratoire ; le 27 février fut érigé un chemin de croix après une pieuse allocution de Monsieur Defosse, curé de Zutkerque.

Le 3 octobre 1969, une allocution fut prononcée par Monsieur le Chanoine Henri Costenoble, pour le cinquantenaire de l’école :

« Cinquante ans ont passé. Comment évoquer en quelque phrase l’histoire d’une école ? Comment décrire la vie quotidienne autrement que par ces vers du poète :

La vie humble, aux travaux ennuyeux et faciles est une œuvre de prix qui veut beaucoup d’amour.

La modestie, l’humilité, n’est-ce pas tout l’esprit de la congrégation comme le notait Mère Maria Legrand à la fête du Centenaire.

Humble est le ministère des éducatrices : il n’est pas toujours facile.

Dans le quadrilatère de la salle de classe, il se déroule au cours d’incessant dialogue entre la maîtresse et les enfants dont le cœur et l’esprit s’ouvrent à la connaissance et à la vie.

Il suit un programme tracé d’avance, mais il exige une attention de tous les instants, d’incessantes répétitions, la maîtrise de la parole et l’exercice d’une autorité qui réussit à se faire aimer.

Il se répète d’année en année sans jamais être source d’ennui.

Il doit au contraire toujours intéresser, animer, encourager pour que les élèves progressent, comme le Jésus de Nazareth, non seulement en âge, mais en science et en sagesse. »

Le Chanoine Henri Costenoble avait également cité, à cette époque, les paroles de Mère Maria Legrand : « l’esprit de notre société ? Un sang vermeil qui doit couler tout chaud au cœur

des religieuses de la Sainte Famille […]. Une manière de sentir, qui détermine une manière de penser, puis une manière de sentir et de penser déterminant une manière d’agir pour la

grande gloire de dieu et la sanctification des âmes, tout en maintenant dans la modestie et l’humilité une véritable vocation religieuse- s’il y a un esprit de la Sainte Famille, c’est

celui-là ».

Le Chanoine poursuivit son allocution : «Cette histoire de cinquante ans, je la distribuerai volontiers en trois périodes :

· * L’entre deux guerre, de 1919 à 1939 : l’école qui vient de s’ouvrir affirme sa valeur et gagne la confiance.

· * La guerre de 1939-45 avec ses épreuves, l’occupation, les risques, la nécessité d’adoucir par beaucoup d’affectation l’absence de nombreux de papas.

· * L’après-guerre, ces 25 dernières années dont les souvenirs sont encore très présents à nos mémoires.

Les sœurs et les supérieures se succèdent, se complètent. Le nombre des élèves va croissant : il passe de 120 à 260. Il apparaît utile d’adjoindre aux classes primaires un cours

complémentaire.

La fécondité de l’œuvre se connaît aux résultats brillants des examens officiels ou diocésains.

Elle se connaît aussi aux vocations qu’elle éveille : plusieurs jeunes filles d’Audruicq sont appelées par l’esprit à se dévouer au seigneur parmi les enseignantes de la Sainte Famille.

Elle se connaît à la sympathie qui entoure les religieuses.

« […] Qu’on me permette seulement d’évoquer la belle figure de Sœur Agnès qui demeure près de 30 ans parmi nous : nous avons célébré son jubilé, nous avons prié pour son âme

quand le seigneur la rappela près de lui. Petits garçons et petites filles lui doivent les premiers éléments des sciences humaines ; quelques-uns parmi les garçons sont aujourd’hui prêtes

de Jésus-Christ et n’ont pas oublié leur première éducatrice. »

L’histoire d’une école n’est jamais sans épreuves, sans difficultés. Chacun sait que la charge financière est lourde. Elle pesait déjà sur les épaules du Doyen d’avant-guerre.

Elle pesa plus lourdement après 1945. Et cela du fait même du développement de l’école.

Il fallut engager des maîtresses pour les classes nouvelles. Il fallut également, par deux fois, en 1955 et en 1959, élever de nouveaux bâtiments.

Mademoiselle Plachier y contribua encore pour sa large part. Mais elle n’y put suffire.

De nombreux concours furent sollicité : la Troupe Théâtrale composée de véritables artistes qui méritèrent un large succès ; le dévouement des Dames qui collectaient chaque année ;

l’empressement de tous ceux qui collaborèrent aux kermesses et aux fêtes d’été ; la générosité de préteurs anonymes qui permirent les dernières constructions.

En 1958, un comité de gestion, choisi parmi les parents d’élèves, prit la charge financière de l’école.

Le Chanoine Henri Costenoble terminait son allocution par ces mots :

« Dans la joie d’aujourd’hui, nous avons rappelé brièvement le passé. L’avenir sera ce que Dieu voudra. Ce qui est sûr, c’est que l’équipe des religieuses et des maîtresses continuera

l’œuvre inaugurée le 3 octobre 1919 : ordre, silence, travail. Ce sont les qualités que j’ai toujours admirées lors de mes visites à l’école.

Elles sont les conditions indispensables du progrès scolaire. Bon esprit, piété et charité, ce sont les vertus qui fleurissent dans ces âmes d’enfants et de jeunes filles.

Cette œuvre se poursuivra dans l’esprit du Concile : l’activité des religieuses ne se limite plus aux tâches purement scolaires ; elles sont appelées à un travail d’église, à l’évangélisation

de toutes les enfants ; elles collaborent aux mouvements de jeunes, ouverts à tous et à toutes.

Que la grâce du Saint Esprit, comme une féconde rosée, que l’intercession de Notre Dame et de Saint Joseph agrandissent sans cesse le cercle de la Sainte Famille dont Jésus demeure

le Centre et le Modèle. »

A suivre…